La Méthode Sophro-Coaching - Extrait 2
(Extrait du livre "Le Burn-out des Quinquas" aux éditions De Boeck)
Je reçois à mon cabinet depuis plus de 10 ans des personnes en « mal de stress » qui viennent chercher un soulagement à leurs tensions et une méthode pour mieux gérer leurs émotions négatives. Depuis quelques années, de plus en plus d’hommes et de femmes se plaignent du syndrome de l’épuisement professionnel ou Burn-out.
Au fur et à mesure de ma pratique, j’ai compris que la sophrologie a toute sa place dans le coaching d’un Burn-out. Aussi j’ai mis au point une méthode, le Sophro-coaching, spécialement conçu pour traiter ce syndrome.
Dans cet article, je vais vous démontrer à partir d’un cas vécu, celui de Pierre qui a 50 ans, comment la sophrologie est une méthode précieuse dans le cadre d’un coaching de Burn-out.
Pour les quinquas, la méthode est opérante comme pour les autres tranches d'âge pourvu que l'on tienne compte des particularités professionnelles et existentielles des quinquas.
1. L'histoire de Pierre, une histoire de quinqua
Il y a quelques temps, Pierre est venu me voir à mon cabinet de Coach-sophrologue.
Depuis deux ans, Pierre avait connu beaucoup de pression dans son travail. Il cumulait deux jobs en un pour finalement réaliser des résultats record en fin d’année. Mais contre toute attente, ses efforts ne furent pas récompensés. Malgré ses réclamations, il ne reçut pas la prime qu’on lui avait promise. Son patron se montra impuissant et déclara qu’il n’y pouvait rien ! Pierre réclama alors une promesse de promotion au poste de directeur commercial mais son manager lui répondit que ce poste n’était pas envisageable dans la structure actuelle de l’entreprise. Pierre se sentit dans une impasse. Totalement désabusé, il n’arrivait plus à se motiver pour son travail.
Il pensa alors se mettre en recherche d'un nouveau travail mais renonça d'emblée.
"J'ai 50 ans et tout le monde sait qu'actuellement le marché de l'emploi est totalement bouché pour les quinquas. J’ai une femme et 4 enfants, je ne peux pas prendre le risque de quitter mon employeur actuel, je suis coincé ! »
Il ne lui restait donc qu’une solution… tombé malade…
A partir de ce moment-là, Pierre ne se reconnut plus. Il avait régulièrement des crises d’angoisse au bureau, « et pour me calmer, me dit-il, je dois aller m’enfermer dans une salle de réunion. » Il se trouvait totalement inefficace, il avait des problèmes de concentration et des troubles de mémoire. Tout nouveau projet le bousculait et le faisait stresser, lui qui était jusque-là considéré comme un des cadres à fort potentiel de l’entreprise.
Un matin, il lui avait été impossible de se lever…il était cloué au lit avec une terrible migraine et une angoissante sensation de pression dans la cage thoracique…Son médecin avait diagnostiqué un problème de tension et l’avait mis en arrêt maladie pour quelques semaines. Il soupçonnait un Burn-out.
« Le vendredi précédent, ma direction me présentait les objectifs de vente pour l’année 2011, des objectifs totalement irréalistes. Sur le moment-même, j’ai fait un Black-out total, je ne parvenais même plus à distinguer les chiffres sur l’écran. Ces chiffres n’avaient aucun rapport avec ceux que j’avais présentés dans mon plan quelques semaines auparavant. J’ai contesté, argumentant qu’on ne m’octroyait aucun moyen supplémentaire. Mon directeur m’a répondu qu’il était d’accord avec moi mais que nous devions laisser les plans tels quels pour contenter les grands patrons… »
C’en était trop ! Pierre n’était pas d’accord avec cette manière de faire. Il ne pouvait plus continuer à jouer le jeu. Il craquait !
« C’est n’importe quoi ! » m’a-t-il répété plusieurs fois.
La date de la reprise de son travail approchant, son angoisse montant et ne sachant pas comment il serait capable d’y retourner, il décide de venir me voir.
Il me raconte ses phobies face aux autres,
« je ne supporte plus le bruit des voix autour de moi, la pénombre, la chaleur des soirées entre copains. Cela provoque des crises d’hyper ventilation. Et l’idée de reprendre contact avec mes collègues par téléphone ou par mail m’est insupportable. »
Pierre me demande de l’aider à retrouver l’équilibre et l’énergie qui lui manque.
L’histoire de Pierre est une histoire de Burn-out malheureusement trop classique actuellement, et nous pouvons en être indignés (Hessel,2010) ! D’autant qu’elle touche des cadres d’entreprises performants et motivés, des décideurs, des forts potentiels d’aujourd’hui et de demain ! Comme si la crise que connait notre système économique actuel se répercutait sur eux directement.
Je retrouve dans l’histoire de Pierre l’ensemble des ingrédients (Moreira,2010) qui font le lit de ce syndrome dans les entreprises :
Le manque de soutien de la hiérarchie, la perte de confiance dans le management, le manque de reconnaissance des efforts fournis, la pression toujours accrue jusqu’à fixer des objectifs irréalistes, un management "manipulatoire", les conflits éthiques entre l’individu et son entreprise et une forte pression liée à son âge: la conviction (largement entretenue par les medias) que dans le contexte de la crise économique actuelle, le quinquagénaire n'a aucune chance de retrouver un emploi.
Par ailleurs Pierre donne le change, il montre peu son désarroi et il fait illusion. Pourtant dans ses propos, je reconnais bien les mots caractéristiques des symptômes du Burn-out, ces mots qui me mettent immédiatement en alerte sur son état interne :
Je suis épuisé, je suis à bout
Je ne dors pas bien, j’ai mal au dos, …
J’ai des crises de panique
Je rumine sans cesse.
J’ai des troubles de mémoire et de concentration
J’ai un sentiment de frustration et d’impuissance face à mon travail
J’ai perdu confiance
Je suis las de mon travail,
Je n’ai plus de plaisir à faire quelque chose,
Je me sens coincé,
Je craque, j’ai pris le mur de face…
Le Burn-out est un processus de sur-adaptation à l’environnement professionnel. Il pousse l’individu à dépasser ses limites physiques et psychiques. Ce processus met en danger l’individu et peut amener la personne à sa propre destruction, allant jusqu’à la destruction de son identité et parfois même de sa vie. L’individu perd le lien avec lui-même et les autres jusqu’à se perdre totalement. Le Burn-out est aussi appelé la maladie du LIEN.
(1) STEPHANE HESSEL, (2010), Indignez-vous, Indigène éditions , Montpellier.
(2) PAUL MOREIRA (2010), Travailler à en mourir, court-métrage, Paris
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